Petit intermède avant d’attaquer le gros du festival, nous avons pris le temps de regarder Aya et la sorcière, le tout nouveau Ghibli signé Goro Miyazaki. Premier film du studio d’animation depuis le sublime La Tortue Rouge. Que vaux ainsi la première incursion du studio dans l’animation 3D ?
Un peu de contexte : Aya et la sorcière n’est pas un film. Pour être plus précis c’est un téléfilm pensé pour la télévision japonaise, fruit d’une co-production entre le studio Ghibli et la chaîne de télévision japonaise NHK. Ainsi, notre avis et réception du film sera assez différente en terme de perception en comparaison d’un véritable film du studio pensé pour la salle. Si nous n’avons actuellement pas d’informations précise concernant sa diffusion en France, il arrive prochainement aux États-Unis sur la plateforme HBO Max après une diffusion télévisuelle au japon en fin d’année dernière.
Aya et la sorcière en deux mots
(ou presque)
Aya est une jeune enfant abandonnée par sa mère à l’orphelinat lorsqu’elle est bébé. Plusieurs années s’écoulent avant quelle soit adopté par une sorcière et un écrivain raté. L’ambition d’Aya, s’échapper et devenir une sorcière.
Le rock !
Aya et la sorcière est tout d’abord l’adaptation du livre pour enfant Earwig and the Witch, écrit par Diana Wynne Jones. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’auteure se retrouve adaptée par Ghibli étant donné que Le château de Hurle a été adapté par Hayao Miyazaki dans son film Le Château Ambulant. A savoir d’ailleurs qu’à l’origine, c’était Hayao qui travaillait sur le film, avant de laisser son fils s’en occuper, on peut l’imaginer, lors du passage de film en téléfilm.
Aya et la sorcière est le premier film de Goro Miyazaki depuis l’excellent La Colline aux coquelicots. Une nouvelle fois, si on peut voir l’affiliation avec le cinéma de son père, Goro continue petit à petit d’ajouter sa véritable patte personnelle, au niveau des thématiques qu’en terme de choix artistiques. Ainsi, un des premiers points qui va dérouter les habitués du studio est la musique.
Car oui, pas de Joe Hisaishi ici, pas de grands thèmes, mais du rock ! Plus précisément du rock influencé psychédéliques des années 70 à coup de riff acérés et orgues surpuissants. Un choix original mais en totale cohérence avec le film étant donné que l’ensemble du film tournera autour du mystère du groupe Earwig. Qui sont-ils ? Pourquoi Aya possède-t-elle par sa mère une cassette du groupe et pourquoi trouve-t-elle dans sa nouvelle maison un vinyle du même groupe ?
Encore une fois, on retrouve ici une véritable continuité par rapport à la Colline aux coquelicots qui se démarquait également par ses choix musicaux différents des autres œuvres du studio, apportant un petit vent de fraicheur à l’ensemble. L’aspect très fun de Aya et la sorcière, c’est ces quelques scènes de concerts que l’on retrouve, permettant au spectateur de découvrir au fil du métrage le contexte relationnel entre les différents personnages.
Un premier essai d’animation 3D pour le studio
L’autre aspect qui a pu faire débat lors de la diffusion des premières images, c’est l’utilisation pour la première fois dans la filmographie du studio de l’animation en trois dimension. A savoir tout d’abord que une bonne partie des arrières plans tel que le ciel ou bien des éléments de natures utilisent une animation traditionnelle à la main.
Ainsi c’est véritablement un mélange des deux techniques qui est ici mis en place. Et globalement le rendu est plutôt propre. Le travail sur les textures est assez incroyable, notamment tout ce qui est autour des tissus. Là où par contre il y a encore du travail, c’est sur la modélisation des personnages, des cheveux et des expressions faciales. On a eu l’impression lors de notre visionnage, d’avoir en fait une volonté de posséder un design similaire à de l’animation 2D mais avec une modélisation 3D mise par dessus. C’est là que l’ensemble pêche et c’est dommage. De plus que les effets spéciaux fonctionnent super bien. Mention spéciale au personnage de Mandrake qui fonctionne vraiment à 100% et les effets comme les feux d’artifices sortant de ses yeux fonctionne à 100%.
Un scénario frustrant
Et si au final on passe tout de même un moment pas désagréable face à Aya et la sorcière, le scénario ne brille pas non plus. On se retrouve davantage face à une suite de saynètes qui pourraient totalement découper le film en mini épisodes. Nous ne connaissons pas les conditions de diffusion des téléfilms au Japon, mais cela ne nous étonnerait pas qu’il a été pensé également pour être coupé entre certains moment par de la publicité.
Et cela fait qu’au final, si on s’amuse sur telle passage, telle scène, tel moment, lorsque la fin (très expédiée) du téléfilm arrive, nous avons l’impression que c’est un peu là que la seconde partie du film aurait du commencer. Dommage.

L’avis de M. Mup : Mieux vaut remettre le film dans son contexte de téléfilm coproduit par Ghibli et la NHK pour peut être ne pas avoir de trop hautes attentes sur ce nouveau film d’animation. L’animation n’est probablement pas aussi catastrophique qu’on aurait pu attendre si on oublie les visages et les cheveux des personnages et on a quand même droits à quelques scènes bien pensées visuellement. Reste que malgré un personnage principal aussi agaçant qu’attachant, le film ne raconte pas grand-chose et la fin donne l’impression d’avoir regardé l’épisode pilote d’une nouvelle série.

Aya et la sorcière
- Réalisateur : Goro Miyazaki
- Scénaristes : Keiko Miwa et Emi Gunji
- Planning : Hayao Miyazaki
- Musique : Satoshi takebe
- Durée : 82 minutes
- Production : Studio Ghibli et NHK
- Distribution : NHK et Buena Vista International