Danger Zone Movie Award 2020 : Drunk et Adolescentes

Cette année, il nous a été impossible de départager 2 films tant ils sont opposés et en même temps liés. 2020 a été une année difficile, et comme toujours, l’art nous fait grandir, nous fait surmonter les épreuves. Et si notre coup de cœur musical était un album prônant le vivre-ensemble et nous invitait à poursuivre le combat, nos deux films coups de cœur de cette année 2020 sont de véritables odes à ce qui nous manque cruellement en cette année 2020 : vivre.

L’occasion donc de donner notre award a ex-aqueo à Drunk de Thomas Vintenberg et à Adolescentes de Sébastien Lifshitz. Un film de fiction d’un côté empruntant notamment une mise en scène proche du documentaire par moment, et de l’autre côté un documentaire à la forme fictionnelle. Deux films qui sont la preuve de la subjectivité totale de leur réalisateur, souhaitant délivrer son message de la façon la plus pure possible, alliant ainsi l’ensemble de leur savoir faire pour proposer de plus de véritables objets cinématographiques, se consommant dans une salle de cinéma.

Pourquoi Drunk est notre film de l’année ?

Vinterberg, c’est à l’origine un des fondateur du dogme95 avec les petits copains tel que Lars Von Trier. Festen a été d’ailleurs un des premiers films sous se dogme. Il est intéressant de parler de ceci dans le cadre de Drunk car très clairement une continuité et une évolution du cinéma de Vintenberg et donc des principes même du dogme. Drunk est un film qui se veut au plus prêt du réel, avec une volonté quasi documentaire. Le parallèle avec son film Festen se fait très bien par aussi la notion d’aventure de groupe, qui est au centre de Drunk.

Drunk en deux mots
(ou presque)

Quatre amis, professeurs dans un lycée, quinquagénaires un peu dépassés, décident de mettre en pratique la théorie d’un psychologue norvégien selon laquelle l’homme aurait dès la naissance un déficit d’alcool dans le sang.

Avec Drunk, Vintenberg arrive à parler de thématique lourde comme l’alcoolisme que ce soit du côté des adolescents comme plus généralement dans la société tout en ne prenant jamais véritablement de point de vue. Rien n’est bien ou mal, et c’est sur cette zone grise que le film arrive à montrer tant des moments joyeux que des instants d’un grave très triste.

Il y a un véritable jeu de point de vue qui est exercé dans ce film avec véritable brio et une finesse assez admirable. Le tout est porté par un jeu d’acteur incroyable nous permettant notamment de voir un Madds Mikkelsen en toute finesse et dans un rôle inhabituel pour tout ceux qui sont habitués à le voir dans le cinéma américain. Drunk est un film bavard, mais où les silences sont d’une importance incroyable, significatif de tant de choses, notamment dans le rapport de nos protagonistes entre eux comme avec leur famille.

Drunk arrive de plus à nous porter et nous transporter, par sa mise en scène et sa narration, dans un véritable d’ivresse, où on s’amuse avec les protagonistes, avant d’en voir les conséquences. Nous y avons vu par moment, sur les scènes se déroulant dans l’enceinte de l’établissement, cette finesse et ce rapport du professeur et de l’élève, que l’on a pu voir dans Le Cercle des Poètes Disparus ou dans Will Hunting. Il y a aussi très clairement du Cassavetes dans cette œuvre, énorme influence de Vintenberg.

Drunk pour Vintenberg est à la fois l’occasion pour lui de s’amuser au niveau de sa mise en scène, mais aussi d’évoluer dans son propos. Là où dans ses premières œuvres, il n’y aurait pas ce traitement du dérèglement du sujet principal, c’est ici quelque chose qui est souvent sous-jacent, pour nous éclater à la tronche de façon brillante.

Drunk

  • Réalisateur : Thomas Vintenberg
  • Scénariste : Thomas Vinterberg et Tobias Lindholm
  • Avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Magnus Millang, Lars Ranthe…
  • Musique : Janus Billeskov Jansen
  • Photographie : Sturla Brandth Grøvlen
  • Montage : Janus Billeskov Jansen et Anne Østerud
  • Durée : 115 minutes
  • Distribution : Haut et Court
  • Selection officielle au Festival de Cannes 2020
  • En salle depuis le 14 Octobre 2020

Notre note :

Note : 5 sur 5.

Pourquoi Adolescentes est également notre film de l’année ?

L’adolescence au cinéma est une des thématiques les plus usées mais aussi les plus passionnantes. Il y a un fossé de traitement et de genre entre la Fureur de vivre et Supergrave par exemple, mais tout deux réussissent à traiter avec finesse de cette période de transition pour nous tous et de ce passage à l’age adulte dans ce qu’appellent par moment les anglophones « coming of age ».

Quand le projet est en plus mis en scène par Sébastien Lifshitz, un des documentaristes les plus passionnants actuellement (regardez Les invisibles et Petite Fille), on ne peut qu’être impatient de découvrir une telle œuvre.

Adolescentes en deux mots
(ou presque)

Emma est issue d’un milieu bourgeois cultivé et Anaïs d’un milieu plus populaire. Dans la même classe au collège, elles sont amies malgré leurs différences. Puis différentes orientations vont les séparer en arrivant au lycée…

Adolescentes se veut ainsi un coming-of-age documentaire prenant place pendant 5 années, tournée sur cette durée, tel ce qui a été fait par Linklater et son Boyhood (sur une plus longue période). Et quoi de mieux pour parler justement de cette période que de laisser l’ensemble respirer, vivre, grandir, permettant également de pouvoir retranscrire plus qu’une évolution de personnes/personnages, mais aussi plus largement d’une époque, ici celle du milieu des années 2010.

Lifshitz avec Adolescentes s’amuse tout d’abord avec sa réalisation. Car, et c’est ce qui saute aux yeux, c’est cette dimension filmique omniprésente. Chaque plan est véritablement pensé, et vous ne trouverez au final pas un seul plan interview face cam classique. Le choix de projeter son documentaire sur deux adolescentes permet de plus de pouvoir proposer véritablement deux points de vue d’une situation initiale qui les ont rassemblées, permettant de montrer avec aisance leur évolution.

Le choix de plus de partir à Brive permet de plus de montrer, chose rare dans le paysage du cinéma français, une France hors Paris, et ainsi, montrer ces tranches de vies, l’impact aussi des différents évènements du pays au fil de ces années là depuis un autre point de vue que parisien qui est la référence que l’on voit partout.

Adolescentes est de plus une véritable ode à la vie, aux petits instants que l’on vit, les premières fois, les engueulades et les fous-rires, tout ces moments qui se transforment en souvenirs gravé dans notre mémoire.

Adolescentes

  • Réalisateur et scénariste : Sébastien Lifshitz
  • Musique : Tindersticks
  • Photographie : Paul Guilhaume et Antoine Parouty
  • Montage : Tina Baz
  • Durée : 115 minutes
  • Production : Agat Films & Cie, en coproduction avec Arte France Cinéma et Chaocorp
  • Distribution : Ad Vitam
  • En salle depuis le 9 Septembre 2020

Notre note :

Note : 5 sur 5.

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