Après l’excellent Ragga Libre, Devi Reed s’est lancé dans le projet fou One Vibe a Week : proposer une chanson par semaine pendant un an. Nous avons eu l’occasion de passer un petit coup de fil au toulousain pour discuter avec lui du projet et de son rapport à la musique.
Quel a été ton tout premier contact avec la musique ?
Devi Reed : J’ai grandit à Amsterdam avec des parents qui étaient dans la musique. D’après ma mère, je chantais depuis tout petit! Le premier souvenir en revanche est mon père m’emmenant voir les Wailers… J’ai toujours eu ainsi ce rapport entre la musique et la scène. J’ai par la suite commencé à écrire, mon père m’a montré mes premiers accords à la guitare vers 12-13 ans.
Le reggae est ainsi tombé comme quelque chose de naturel…
Devi Reed : Ouais, à l’époque nous étions avec ma famille à Amsterdam et il y avait une assez grosse communauté autour du reggae. Mon père baignait là dedans, ça été la raison pour laquelle il m’emmenait voir ces concerts là. Je me rappelle d’ailleurs qu’à l’époque, le premier CD que l’on m’a offert a été le Live Again de Israël Vibration qu’on avait vu en concert. Très vite je me suis aperçu de l’importance également du message dans cette musique et je me retrouvait vraiment là dedans. J’ai donc foncé là dedans de façon logique au final.
Par rapport maintenant à ton processus créatif, écris-tu d’abord des paroles où pars-tu sur une mélodie, une suite d’accord ?
Devi Reed : Cela va dépendre en fait. Si c’est quelque chose de précis qui va m’inspirer comme un évènement, je vais être dans une écriture immédiate. Sinon, cela m’arrive d’avoir une suite d’accord, un début de mélodie et travailler autour. Et sinon il y a aussi mes musiciens/producteurs qui vont me proposer des instrus qu’ils ont réalisé et je vais écrire dessus directement.
Ragga libre est un projet passionnant et de longue haleine, comment s’est déroulé tout le process ?
Devi Reed : C’était un gros projet, que ce soit entre les compositions, les prises de sons avec de nombreux musiciens invités déjà lors de l’enregistrement sur Toulouse. La volonté était dès le départ de proposer une sonorité cubaine très prononcée. Après nous sommes parti à Cuba pour s’imprégner de la culture là bas, enregistrer les featuring avec les artistes locaux. Ensuite nous sommes revenus en France et nous avons eu toute la partie mixage, mastering, puis communication autour de l’album, avant de partir sur une petite tournée estivale.
Quel a été au final l’aspect le plus marquant du projet ?
Devi Reed : Avoir été à Cuba clairement. Au final c’était énorme d’aller sur place, de réussir à rencontrer les artistes, vivre l’expérience de Cuba, où tout le monde chante et danse. Ça nous a permis de voir ce qui manquait à l’album pour avoir ce petit truc unique. Il y a une simplicité des personnes sur place qui ajoute une véritable âme. C’est quelque chose que l’on peut uniquement retrouver que dans des pays aussi marqués par la musique comme la Jamaïque ou Cuba justement.
Comment est né le projet One Vibe a Week ?
Devi Reed : En fait cela faisait pas mal de temps que j’accumulais des compositions sans les utiliser et je voulais justement pas les perdre à tout jamais en les laissant dans un coin de placard. Rester en plus dans ce schéma de 1 album tout les ans / deux ans était quelque chose que je voulais me débarrasser également en fait. On a donc réfléchi avec l’équipe à trouver un format qui permettrait justement de publier et mettre en avant toute les compositions écrites et celles en cours.
Le premier truc était bien sur qu’il fallait rester totalement indépendant pour réussir un tel projet car au final proposer un son tout les vendredi pendant un an, il faut être capable de pouvoir gérer l’ensemble du processus créatif. Le morceau est mixé, masterisé, agrémenté d’un clip ou d’un lyrics video. Tout ça est un travail assez conséquent. C’est pour cela que nous avons notre studio à Toulouse nous permettant de travailler de la prise de son au mixage. La partie mastering est sous traitée et pour la partie vidéo, je travaille avec un pote qui s’occupe de tout cet aspect là. Ainsi, quand j’ai vu que j’avais l’équipe complète pour le projet, je n’ai pas hésité une seconde à le lancer.
Et au final c’est arrivé très vite après Ragga Libre car je suis dans une démarche actuelle de création et de volonté de partager au maximum avec le public. Des artistes le font en faisant 2 ans de tournées dans toute la France, nous on s’est dit qu’on pouvait aussi le faire différemment. La grosse force c’est que si j’écris un morceau maintenant, bah au final dans 2-3 mois il sera en ligne en fait grâce au projet. C’est cette spontanéité que je recherche aussi avec OVAW.
On est en plus dans une ère où le physique ne se vend plus, les gens écoutent la musique par internet, soutienne des projets et cherchent de l’immédiateté avec les réseaux sociaux. On est à une époque qui se prête à se lancer dans de tel projets, et c’est peut être comme ça que va évoluer une bonne partie de la musique à l’avenir.
Comment fonctionnes-tu, les chansons sont enregistrées à l’avance ?
Comme nous fonctionnons en saisons, nous fonctionnons de façon assez similaire de notre côté. Là nous arrivons bientôt au terme du printemps, et après ces douze premiers morceaux, nous allons demander au public de voter pour leur trois morceaux favoris. A la fin de l’année on aura ainsi 12 morceaux qui feront l’album.
Du coup en interne, on fait en sorte que toute une saison soit prête d’un coup. Nous avons commencé le projet avec déjà toute la saison de prête et là pendant que le printemps est diffusé, nous mixons l’été, et préparons l’enregistrement de l’automne. Cela permet d’avoir des feedback, et réadapter en étant à l’écoute du public.
Est-ce qu’il y a la volonté de porter les morceaux en concert derrière ?
Oui, nous avons déjà commencé à en incorporer certains. Le but est sur le plus long terme d’avoir un set majoritairement composé de morceaux de One Vibe a Week et quelques morceaux de Ragga Libre.