Il est amusant de faire le parallèle entre deux biopic musicaux récent. Si la genèse de The Dirt est bien plus vielle que celle de Bohemian Rhapsody, de nombreux points communs sont pourtant trouvable : Les deux sont basés sur des mémoires, ont eu une production assez compliquée et étalée sur le temps et de nombreux changements et les membres du groupes sont impliqué dans la création du film. Mais la grosse différence et pas des moindres : si les membres de Queen ont voulu faire un film lisse et vendre une belle image du groupe, jusqu’au point d’oublier la chronologie et mentir sur son chanteur ; les membres de Mötley Crüe eux vendent une image depuis les années 80 d’un style de vie hardcore.
Empruntant le nom des mémoires du groupes paru en 2001, The Dirt est donc un biopic musical réalisé par Jeff Tremaine, que l’on connaît principalement pour avoir réalisé les fameux films Jackass. Vous savez, cette bande de pote pratiquant des sports extrêmes qui se retrouvent ici pour faire des conneries et des trucs… extrême justement. Cela a donné plusieurs films à l’humour gras et potache, une suite de gags sympathique mais sans plus. Il revient donc aujourd’hui avec un biopic d’un groupe qui rentre donc complétement dans sa filmographie. Le film est d’ailleurs disponible sur Netflix depuis le 22 Mars. Du côté de Danger Zone, nous avons découvert le groupe via l’excellent album Shout at the Devil, et même si l’ensemble des morceaux du groupes sont assez classique et attendus, difficile de ne pas craquer sur le riff de Dr. Feelgood !
L’histoire de The Dirt est celle du groupe de Hard/Glam-metal Mötley Crüe de leurs débuts à leur retour sur scène au début des années 2000. Mais ici, le but n’est pas tant de montrer le processus créatif du groupe que plutôt enchaîner une pile d’anecdote trash où sex, drugs et rock’n’roll sont les règles d’or. Le soucis c’est que malgré un liant plutôt efficace via la narration voix-off, l’ensemble manque au final de véritable… décadence.
Les faits ici sont au final contés de façon très proprette, que ce soit du côté de la réalisation et du montage. Il y a des passages qui fonctionnent au final vraiment bien comme cette idée de scène en jump cut lorsque Nikki Sixx prend de l’héroïne ou dans la séquence racontée par Tommy Lee en partie à la première personne mais en dehors de ces fulgurances, l’ensemble reste au final très propre. On peut d’ailleurs le voir avec cette seconde partie accès sur la rédemption des artistes qui est totalement ratée notamment sur l’aspect émotionnel, où les graves évènements sont racontés par dessus la jambe.
Tout cela pour conduire enfin à notre question :
En se proposant comme un film sans-filtre, une sorte d’antithèse de Bohemian Rhapsody, The Dirt l’est-il vraiment?
La réponse est au final bien entendu non car comme nous vous l’avons tout d’abord dit plus haut, le film manque au final de décadence malgré qu’il en montre. De plus, les faits racontés sont ici quasiment toujours dans un seul objectif, glorifier l’image du groupe, son mythe. Dommage car Mötley Crüe lui-même s’est par la passé exprimé sans filtre avec le livre The Dirt. En effet, de nombreux omissions sont effectuées dans le film pour éviter de lancer de grosses polémiques autour du groupe : relation sexuelles très limite en terme de consentement, violence conjugales… Si le film n’édulcore pas du tout son propos, il s’est permis tout de même d’enjoliver grandement certains aspect. C’est ainsi qu’on retrouve au final le même procédé effectué par le groupe Queen avec le biopic Bohemian Rhapsody. Bien entendu, le résultat est très différent et on parle ici d’un biopic qui a juste été embelli par les membres du groupes en tant que producteur. Mais en terme de qualité intrinsèque, The Dirt met 100-0 à Bohemian Rhapsody en terme de réalisation, montage et même jeu d’acteur !