Que vaut Mandy, le dernier film de Panos Cosmatos avec Nicolas Cage? Raphael K à mené l’enquête pour Danger Zone, et voilà ce qu’il en ressort.

Milos Forman considérait qu’il existe deux types de réalisateurs : ceux qui font comme et ceux qui font contre. Dès son premier et précédent film, Behind the black rainbow, on pouvait aisément classer le réalisateur Panos Cosmatos dans la catégorie de ceux qui font comme. Sclérosé de citations complaisantes, il ne restait de ce film qu’un récit désirant faire passer une opacité et un vide abyssal pour de la complexité.

Huit années sont passées depuis ce premier film et on pourrait penser que son cinéma allait gagner en identité et en force. Pourtant, Mandy ne se trouve être que la continuité malheureuse d’un cinéaste qui n’a rien à dire mais qui pense, à tort, qu’il a tout à faire. Loin de se contenter d’aligner les mêmes défauts que son précédent film, il en développe de nouveaux. Car tout en continuant d’enchaîner des références aux allures d’ersatz (Mandy parle d’un lieu nommé Crystal Lake, le gourou est un double de Charles Manson, on retrouve la scène de repas de Massacre à la tronçonneuse ou les cénobites de Hellraiser), de surexploiter une musique indigeste (malheureusement dernière œuvre du regretté Johan Johansson) ou de tirer sur le montage jusqu’à plus soif ; Cosmatos rate jusqu’à l’introduction de ses personnages. Entre un Red (Nicolas Cage) inconsistant, une Mandy (Andrea Riseborough) caricaturalement innocente et un groupe d’antagonistes horripilants tentant toutes les exubérances possibles pour montrer leur dite folie ; on s’enfonce tout du long dans des poncifs scénaristiques faciles et outranciers. Malheureusement, le récit ou les dialogues ne nous permettront pas non plus de développer une connexion avec les personnages tant chaque phrase se veut métaphorique, chaque intention est exagérée et chaque échange stérile. S’en suivra alors des scènes ridicules et ennuyeuses, comme celle où Mandy subit, avec le spectateur, le monologue interminable d’un gourou au charisme d’huître. Cosmatos n’arrange pas les choses en servant une mise en scène encore alourdie d’effets inutiles : lens flares, jeux de colorimétrie, séquences en animation 2D, digressions d’espace, fondus, stroboscopes, nappes sonores… On se l’imagine tel Peter Sellers dans The Party appuyant sur tous les boutons d’une console.

Mais après une heure d’ennui, le récit semble bien vouloir passer à la vitesse supérieure en donnant enfin un objectif concret à son personnage principal. Cela était sans compter sur un revirement total du film. D’un psychédélisme latent et pseudo-philosophique terriblement premier degré, vient alors naître un revenge movie à la vanne facile dans lequel Nicolas Cage n’est pas loin de retrouver ses performances outrées de The Wicker Man ou Deadfall. Cette deuxième partie du film pourrait être sympathique et jouissive si elle ne se détachait pas tant de la première. On se demande alors où Cosmatos désire aller en enchaînant ces nouveaux personnages furtifs et ces scènes de mises à mort ratées ne valant pas même une bonne série B décomplexée. Ce goût soudain pour la dérision ne serait-il pas alors un aveu d’échec, tentant en vain de masquer l’absence d’une véritable histoire et d’un point de vue assumé ?

Alors que le premier film de Cosmatos provoquait l’ennui par ses fausses inspirations, Mandy est un film qui peine à trouver son identité en servant un catalogue d’effets de mise en scène et de séquences déconnectés qui ne parviennent pas à faire oublier l’absence de dramaturgie. En confondant style et esthétisation, virtuosité et complaisance, on en vient alors à perdre l’essence de ce que se doit d’être le cinéma.

Raphael K.

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