A l’occasion de son projet de documentaire, Le Bal des Rédactrices, nous avons rencontré Lucie Bellet aka Amazing Lucy qui a accepté de répondre à nos question autour de son projet de film mais aussi plus largement de féminisme et de cinéma.

 

 

Est-ce que tu peux te présenter ?

Je m’appelle Lucie, mieux connue sous le pseudo Amazing Lucy, et je suis avant tout une cinéphile et militante féministe de 21 ans. On peut connaître mon travail de par ma chaîne YouTube, où j’anime l’émission de cinéma Cinéphile Facile depuis bientôt 4 ans.

 

 Qu’est-ce qui t’as poussé à créer ta chaîne YouTube ?

Disons que j’ai toujours été baignée dans le cinéma et les séries depuis toute petite, grâce à ma mère. J’ai été quasiment biberonnée à la Trilogie du Samedi, où je prenais énormément de plaisir à suivre les aventures de diverses héroïnes fortes et fascinantes comme Buffy, Dana Scully et tous ces modèles féminins de séries. J’avais à peine 4 ans que je regardais déjà Buffy Summers se battre contre les vampires de Sunnydale sans broncher. Puis petit à petit, j’ai grandi avec les films préférés de ma mère, très éclectiques, allant du Cercle des Poètes Disparus à Amélie Poulain, tout en passant par Moulin Rouge et des films plus sombres, comme la filmographie de Tim Burton. Depuis je suis devenue suffisamment curieuse pour développer ma propre cinéphilie, en ayant cultivé ce besoin de découvrir toujours plus de films.

 

Ce qui nous amène en 2015, où je vivais à Londres avec ma mère. À Londres, un DVD ça coûte entre £1 et £2 quand on sait où chercher, et nous nous étions procurées l’édition des 40 ans du Rocky Horror Picture Show. J’avais beaucoup de temps libre et je me suis dit que, pourquoi pas, j’allais regarder le film une nouvelle fois, mais avec les commentaires audio. Ça a été ensuite comme une révélation : j’étais passionnée de cinéma, j’avais découvert des tas d’informations passionnantes sur un de mes films préférés, je nous pouvais donc pas garder tout ça pour moi ! J’ai donc sans réfléchir créé mon émission, quasiment sur un coup de tête.

 

Bien entendu, j’avais 17 ans et je n’avais jamais étudié le cinéma, c’était aussi ma première expérience en étant devant la caméra… Clairement, c’était pas forcément de la bonne qualité. Il est évident que j’ai évolué énormément en 4 ans, donc je crois que je ne pourrais plus jamais revoir mes anciennes vidéos, je trouve ça insoutenable.

 

 Est-ce que tu peux présenter rapidement le projet Le Bal des Rédactrices ?

C’est un projet de long-métrage documentaire qui se concentrera sur la répartition hommes/femmes dans le monde du cinéma, en passant de la critique à la réalisation. Le cinéma est un art principalement dominé par la gente masculine, qui a insidieusement créé une relation de pouvoir dans l’industrie… Les hommes dominent, les femmes subissent. Elles ont moins de chances de s’exprimer, que ce soit en faisant des films ou en écrivant sur des films. Il s’agira de dresser ce constat, de répondre à diverses questions par le biais d’études, de statistiques, d’interviews, et d’essayer de comprendre pourquoi on en est arrivé là. Il est toujours bon de rappeler que la première réalisatrice de l’Histoire était une femme française, Alice Guy-Blaché. Il est temps que nous nous fassions entendre à nouveau.

 

Quand et comment est né l’idée du documentaire ?

Il y a 1 an environ, je cherchais par curiosité des statistiques sur la représentation des femmes derrière la caméra, et je suis tombée sur un rapport du CNC qui traitait de cette problématique. J’ai été juste affolée par les chiffres et les diagrammes que j’ai vu défiler devant moi. Non seulement il n’y a que 23% de réalisatrices en France, mais elles profitent de budgets moindres pour réaliser leurs films, sont payées 42% de moins que des réalisateurs, et bien entendu, elles prolifèrent surtout dans les professions connotées plus comme « féminines » (scripte, habillage, maquillage, costumes…). Ce constat m’a terrifiée, je ne savais pas comment gérer ces informations. Ça faisait également très longtemps que je voulais m’essayer au genre du documentaire, notamment après ma découverte du travail de Rodney Ascher, qui a réalisé entre autres le documentaire Room 237.

 

Le projet a donc muri progressivement dans un coin de ma tête, et il y a deux mois je me suis dit que foutu pour foutu, il fallait que je fasse ce documentaire. Il ne fallait pas que j’attende qu’on m’autorise à le faire. J’avais quelque chose à dire, quelque chose d’urgent sur cette disparité homme/femme dans le monde qui me passionne et dans lequel j’ai envie de travailler. J’ai donc lancé le projet avec mon colocataire, qui est aussi mon assistant et chef opérateur sur le film, et on s’est lancés dans une campagne de crowdfunding pour assurer quelques frais de tournage.

 

Comment se passe le processus d’écriture ?

Au début, je tâtonnais complètement. C’est très différent de l’écriture d’une vidéo, par exemple, où j’ai un plan assez versatile et où j’analyse souvent un film de façon linéaire. Pour Le Bal des Rédactrices, j’avais une vague idée de ce dont je voulais parler ; j’ai donc écrit une structure avec différentes parties et sous-parties, des questions que je voulais poser dans chaque partie, un peu comme le plan d’une composition.

 

Au final, des éléments n’ont cessé de se rajouter, des annotations, des bouts d’interviews, des statistiques, des apartés… et c’est devenu comme un patchwork. C’est très difficile de prévoir dès le début la forme finale d’un documentaire, sachant que ça va dépendre beaucoup du montage et des interviews en elles-mêmes. J’ai d’ors et déjà rédigé quelques parties de voix-off, là où il sera nécessaire pour moi d’intervenir en tant que narratrice, pour expliquer certains éléments, mais l’écriture se fera principalement au moment du montage, là où j’aurais une meilleure opportunité de mettre en forme le film et tout rédiger correctement.

 

Y-a-t-il eu une différence entre ton style d’écriture de vidéo et le style d’écriture de ton documentaire ?

C’est évident ! Comme je l’ai dit, non seulement le processus d’écriture est différent, plus libre, mais je me force aussi à adopter un style plus professionnel, dirons-nous. J’ai toujours une plume qui m’est propre et de laquelle je ne pourrais jamais me détacher, mais c’est évident que pour un documentaire, il faut dresser une sorte de barrière entre le narrateur et le public, qu’il n’y a pas sur YouTube. Dans mes vidéos, je me permets de faire quelques blagues, j’apparais à l’image, j’apostrophe le public… choses qui ne sont pas possibles d’un long-métrage. Enfin, c’est possible, bien sûr, mais ce n’est pas l’effet que je recherche. L’avantage étant que ça m’aide à expérimenter une nouvelle forme d’écriture, ce qui est à la fois intimidant et extrêmement motivant.

 

Quelle a été jusqu’à présent dans le projet l’aspect le plus difficile auquel tu as fais face ?

Aussi cliché que ce soit, mon principal obstacle sur le film jusqu’à présent a été moi-même. Je suis de nature très anxieuse, perfectionniste au point de paniquer si tout n’est pas planifié, parfait, lisse… C’est assez difficile à gérer. Je remets aussi constamment en question ma légitimité à faire ce film. Une jeune cinéphile de 21 ans qui se décide à réaliser un film ? Retourne étudier, retourne regarder des films ! La réalisation c’est pour les personnes qui maîtrisent leur sujet. Je n’arrête pas de me dire des choses comme ça, alors que je les sais pertinemment fausses. Je maîtrise mon sujet. Certes, c’est ma première expérience en tant que réalisatrice, mais si je ne fais pas ce film, qui le fera ? Combien de temps devrons-nous attendre avant que ce sujet soit abordé ?

 

Au-delà de mes angoisses quotidiennes, une autre partie difficile est bien entendu a été le démarchage d’intervenantes et de lieux de tournage. Pour beaucoup d’intervenantes, j’y suis allée au culot. Il m’a fallu un courage monstrueux pour présenter mon projet à plusieurs professionnelles, rédiger des mails, me vendre. Mais visiblement ça a fonctionné ! Même chose pour les lieux de tournage. La plupart du temps, je m’arrange pour tourner directement au domicile des intervenantes, par souci pratique. Cependant, il y a plusieurs tournages qui ont eu lieu dans des lieux différents, et ça a aussi été une cause de stress monstrueuse. Le dernier exemple que j’ai en tête est le plus récent : pour un tournage ayant lieu dimanche, j’ai à peine reçu mercredi la confirmation du lieu – un éminent repère de la cinéphilie parisienne. Bien sûr, j’ai été soulagée, mais je me dis que ça fait aussi partie du jeu de la réalisation.

 

As-tu réussi à obtenir la diversité de personnes à interviewer ? En terme de taux de réalisatrices, critiques…

Au départ, le film était censé se concentrer principalement sur des rédactrices et blogueuses, d’où le titre. Cependant, il m’est apparu impossible de n’aborder qu’un seul corps de métier lié au cinéma sans aborder les autres, tant le problème de disparité est général et ambiant. J’ai donc petit à petit commencé à contacter des réalisatrices et autres professionnelles du cinéma… Cependant, je n’en ai que très peu. Il reste très difficile de démarcher des réalisatrices, qui soit manquent de temps, d’intérêt, ou bien qui sont régies par diverses agences. C’est donc non pas un mur, que j’ai devant moi, mais une muraille.

 

Du reste, pour ce qui a été d’avoir des figures importantes du cinéma et de la critique, j’y suis tout simplement allée au culot. Cela fait donc évidemment qu’il y a moins de réalisatrices pour s’exprimer sur certains sujets, mais les questions reviennent quasiment dans chaque interviews, afin que même les critiques, blogueuses et vidéastes puissent s’exprimer sur le sujet.

 

Dans la liste des intervenantes déjà annoncé, on ne retrouve pas de techniciennes du cinéma, y-a-t-il une raison ?

Oui, tout à fait ! En fait il y aura une technicienne, seulement j’étais encore incertaine quant à sa présence, donc elle n’apparaît pas encore dans la liste. C’est désormais confirmé, alors je peux la rajouter. D’où la précision en italique de « Présence confirmée » au-dessus de la liste des intervenantes. J’essaie également de contacter une scénariste, mais de même, c’est encore le flou artistique quant à sa présence. Mais il n’y a aucun souci à se faire, j’ai une liste assez remplie de personnes à démarcher. On est très loin d’avoir fini de tourner, je suis sûre que mon assistant me déteste.

 

Concernant l’aspect violence faites au femmes dans le milieu, est-ce que tu as réussi à obtenir des témoignages autour du sujet ?

Il était évident que dans le documentaire, j’allais consacrer une partie à ces violences que nous subissons du fait de notre genre, tout comme il fallait aborder le sujet Time’s Up et Me Too, qui sont des mouvements essentiels pour faire évoluer les choses. Les intervenantes ont donc pu s’exprimer librement sur le harcèlement qu’elles ont subi, pour la plupart, bien qu’aborder des violences à proprement parler est une chose difficile à faire devant une caméra. Ce qui est compréhensif. Le but des interviews est que les intervenantes se sentent à l’aise, en sécurité, et je ne les force jamais à parler des choses qui les ont fait le plus souffrir (comme des agressions, par exemple). Il s’agit, encore une fois, de dresser un tableau de la situation des femmes dans le cinéma, non pas de les exposer et de les jeter dans la fosse aux lions. Je ne m’autoriserais jamais à faire ça.

 

Cependant, il est vrai que ce sont deux articles sur le harcèlement de certaines collègues blogueuses qui m’ont fait ouvrir les yeux sur ce qui se passait derrière les portes fermées de la critique cinéma. Elles m’ont fait réagir, je les en remercie. Je laisse d’ailleurs ces deux articles ici, pour ceux que leur lecture pourrait intéresser.

 

 

Comptes-tu ouvrir ton documentaire sur un aspect plus large de la création audiovisuelle, en sortant du cinéma ?

Les inégalités ne concernent pas que le cinéma, c’est évident. Il me paraissait donc important d’également donner la parole à des vidéastes Youtube qui s’expriment sur le cinéma elles aussi. La plateforme qu’est YouTube est un endroit qui a permis à beaucoup de gens de parler de leurs passions en vidéo, cependant on n’y retrouve que peu de femmes qui parlent de cinéma… Notamment parce qu’il y a une sorte de barrière qui tombe, lorsque l’on s’expose en vidéo, et être une femme qui montre son visage et son corps en vidéo amènera forcément à du sexisme de tous les côtés. Le documentaire a aussi pour but de couvrir un maximum de plateformes où les femmes peuvent s’exprimer : la réalisation, la critique écrite, la technique, bien sûr, mais aussi les vidéos et les podcasts. Je souhaitais avoir un spectre d’analyse le plus large possible pour recouper les expériences de toutes ces femmes.

 

Vers quoi veux-tu ouvrir ton projet par la suite ? Penses-tu que ton documentaire ouvrira quelques portes (personnelles, reconnaissance de la femme dans le milieu) ?

Mon seul souhait pour le moment est de finir le film, qu’il soit à la hauteur des attentes des gens qui me suivent, à la hauteur de mes attentes, et qu’il soit pertinent. Ce qu’il deviendra par la suite ? Je n’en ai aucune idée. Je le considère surtout comme une toute petite pierre ajoutée à l’édifice qui est en train de se construire pour une meilleure représentation des femmes dans le cinéma. Je ne jouis pas d’une énorme visibilité et/ou crédibilité, mais si ce documentaire existe, peut-être que ça encouragera d’autres femmes à se lancer. Je ne viens pas d’un milieu propice à ce qu’à mes 21 ans je sois suffisamment engagée et déterminée pour faire un film, pourtant c’est le cas. Tout le monde peut le faire. Ce genre d’initiatives sont importantes, je serai donc déjà très heureuse d’avoir fait exister un film comme celui-ci, même si on n’arrivera pas à une égalité en se disant juste « Tiens, j’ai regardé un super film, tout est réglé, plus de problèmes ! ». Ce sera un combat de longue haleine.

 

 

Est-ce que l’annonce de ton projet à été bien suivi ? As-tu reçu également un soutien du côté masculin avec des hommes soutenant notamment cette répartition plus équitable dans le milieu ?

J’ai été vraiment émue quand j’ai vu les premiers retours sur le projet, et même encore aujourd’hui, ces retours encourageants continuent d’affluer. Bien sûr, c’est un sujet qui divise aussi beaucoup les gens, mais je préfère me concentrer sur le message que je souhaite faire passer plutôt que sur des retours négatifs. Le cinéma divise toujours, personne n’est jamais d’accord, il s’agit de rester fidèle à soi-même. Tout le monde a un ressenti différent sur les films, de toute manière, mais on verra bien ce que ça donnera une fois le film terminé.

 

Concernant mes collègues masculins, j’ai eu la chance d’avoir un merveilleux soutien et investissement de leur part. Ils soutiennent la démarche avec beaucoup de bienveillance, de même que beaucoup d’inconnus croient énormément en ce projet. On a aussi besoin d’eux pour se faire entendre, je suis heureuse d’avoir réussi à réunir hommes et femmes derrière ce projet, c’est déjà une fierté en soi.

 

Comment mettre selon-toi en avant et promouvoir ces réalisatrices et rédactrices en dehors de ton documentaire ?

Il y aurait des tas de solutions très radicales, comme revoir tout le système qui régit le cinéma français et notamment le CNC, mais l’heure n’est pas à une révolution de cette ampleur. Il faut que les choses changent de l’intérieur, il faut que tout le monde comprenne qu’il y a un véritable problème de pouvoir et de représentation dans notre industrie.

 

Revenons donc à une solution plus simple, que tout le monde peut appliquer, même depuis chez soi : le partage, le partage, le partage ! Il suffit qu’un homme un peu influent relaye l’article ou la vidéo d’une femme qui parle de cinéma pour qu’elle prenne en assurance et en visibilité. Cela va de paire avec les femmes réalisatrices : partageons des films réalisés par des femmes ! Elles sont très peu, elles ont donc besoin d’une visibilité supplémentaire pour subsister dans des centaines de films réalisés par des hommes. Ça a été le cas de Grave, de Julia Ducournau, par exemple. Non seulement le film est excellent et c’est une femme de talent, mais le film a reçu des louanges à l’internationale, de la part de réalisateurs comme Edgar Wright et Guillermo Del Toro ! Le succès du film a été mitigé en France, et certes il a été boudé aux César, mais c’est par le partage que tout commence.

 

Il faut être à l’écoute les uns des autres, encourager des femmes à donner leur avis sur les films, leur faire comprendre qu’elles sont tout autant légitimes que des hommes à en parler. L’idéal serait de créer un vrai climat de bienveillance et de sécurité pour tout un chacun, mais je sais qu’on ne vit pas dans un monde de bisounours, bien sûr. Je crois en la solidarité et en l’occurrence, la sororité. Soutenons-nous les uns les autres, les unes les autres.

 

Aurais-tu 5 films de réalisatrices à nous conseiller ?

Cinq films ? Ce serait trop peu ! Je suis bien partie pour en citer une dizaine, des films à voir absolument, de différents genres. Au moins vous aurez le choix, si vous cherchez quoi regarder ce soir.

 

Grave, de Julia Ducournau
Un incontournable depuis sa sortie, Ducournau s’est imposée comme un grand nom du cinéma en un premier long-métrage de genre. Une prouesse à tous les niveaux, que ce soit au niveau de son scénario ou de son esthétique léchée et angoissante. (ndlr. De notre côté à Danger Zone on a pas super aimé le film, mais c’est les différences de points de vue qui fait la force du cinéma !)

 

Tomboy, de Céline Sciamma
J’aurais aimé citer tous ses films tant j’admire cette femme, mais Tomboy est celui pour lequel j’ai le plus d’affection. Sciamma met en scène l’enfance d’une petite fille, qui, pour s’adapter et se faire des amis, se travestit en petit garçon. L’histoire évolue petit à petit en véritable réflexion sur la transidentité, en plus d’être une merveille visuelle.

 

Les Coquillettes, de Sophie Letourneur
C’est par un hasard total que j’ai découvert ce film et ma première réaction a été « Wow, j’ai jamais vu ça ». On suit l’histoire totalement ahurissante de trois femmes pendant un festival de cinéma, par une narration non-linéaire : elles discutent de leurs souvenirs du festival autour d’un verre de vin, et le film est constitué de flashbacks correspondant à leurs aventures. Le générique nous plonge déjà dans ce que va être le film : un mélange de pop, d’humour, une écriture absurde et intelligente.

 

Le Bal des Actrices, de Maïwenn
Le titre parle de lui-même : c’est ce film qui m’a servi de déclic à réaliser mon documentaire. Maïwenn se met en scène en train d’elle-même réaliser un documentaire, où elle suit le parcours de diverses actrices éminemment reconnues en France. Elle capture leurs moments de succès, leurs craquages, leurs problèmes liés à leur âge, leurs parcours chaotiques… Rien n’est passé sous silence dans le film, et le tout est entremêlé de numéros musicaux adaptés à chacune des actrices présentées. Un vrai bonheur de cinéma.

 

Polisse, de Maïwenn
Cependant, avec Maïwenn c’est vraiment deux salles, deux ambiances. Si Le Bal des Actrices est un vrai plaisir à voir, très divertissant et juste, Polisse a été une claque pour moi. Le côté léger et divertissant est présent, certes, mais elle met en scène ici une brigade de protection des mineurs… On suit donc le quotidien des membres de cette brigade, entre des affaires difficiles à voir sans se sentir mal, leurs conflits internes, personnels, leurs moments de joie et de cohésion… Un film très dur à regarder par moment, mais justement parce que la mise en scène de Maïwenn est d’une justesse tranchante.

 

Thirteen, de Catherine Hardwicke
La réalisatrice du premier Twilight n’a pas fait que du mauvais dans sa carrière, il s’agissait plutôt d’une erreur de parcours dirons-nous. Son film Thirteen dresse le tableau d’une jeunesse qui se cherche, qui se perd… Je vous le conseille absolument, tant il est intense, dynamique et juste. L’ambiance se rapproche beaucoup plus de la série Skins que de vampires qui brillent au soleil.

 

The Runaways, de Floria Sigismondi
Encore un autre genre : un biopic. Floria Sigismondi retrace l’histoire du groupe de rock de Joan Jett et Cherie Currie, The Runaways. Non seulement le parcours de ces deux femmes voulant s’imposer dans le milieu de la musique est fascinant à voir, mais la valeur ajoutée de Sigismondi est d’avoir aussi mêlé à cette histoire factuelle des éléments importants et très peu vus au cinéma. Par exemple, la séquence d’ouverture est un long plan séquence où l’on voit Cherie marcher très vite dans la rue, avec un filet de sang de ses règles coulant le long de sa jambe. Ça peut paraître idiot, mais ce sont avec ce genre de détails qu’on rend le cinéma plus représentatifs de notre monde : en ne rendant pas tabous des sujets communs, comme les menstruations.

 

Démineurs, de Kathryn Bigelow
Kathryn Bigelow est sans conteste la reine du cinéma d’action et de guerre. En l’occurrence, il n’est pas étonnant que ce soit avec Démineurs qu’elle ait gagné l’Oscar de la meilleure réalisatrice. Le film réunit suffisamment de tension, de violence et de moments de stratégie pour s’être imposé comme un film pilier du genre du cinéma de guerre. Lorsque j’ai découvert le film, j’ai cru retenir mon souffle tout du long, donc je ne peux que le recommander également.

 

The Voices, de Marjane Satrapi
Surtout connue et reconnue pour le succès du merveilleux Persepolis, Marjane Satrapi s’est attelée en 2014 à un mélange entre horreur et comédie. On y suit l’histoire de Jerry, habitant et employé dans une petite ville trop parfaite pour l’être vraiment. Son chat lui parle, il est follement amoureux de l’une de ses collègues de bureau… Jusqu’au moment où tout va clairement partir en couilles, pour parler vulgairement. Si vous voulez à la fois rire aux éclats et vous sentir mal à l’aise, voire déstabilisés, c’est le film parfait pour vous : une comédie glaçante.

 

Sleeping Beauty, de Julia Leigh
Pour finir, un film qui n’a pas rencontré la reconnaissance qu’il méritait : Sleeping Beauty, présenté à Cannes en 2011. Leigh met en scène le parcours d’une jeune femme précaire, Lucy, qui choisit de se tourner vers l’escorting pour subvenir à ses besoins. Elle tombe alors sur une agence aux méthodes particulières : il faudra à Lucy prendre un somnifère avant d’accueillir chaque client. Les problématiques abordées dans le film sont nombreuses, traitant à la fois du métier de travailleuse du sexe, de précarité, d’une histoire de famille difficile, de consentement… Le film a été vraiment injustement boudé, je le conseille donc vraiment, bien qu’il faille être prêt pour certaines images.

 

Nous souhaitons encore remercier de tout coeur Lucie de nous avoir accordé cette interview. si vous souhaitez participer au Leetchi de son projet, Le Bal des Rédactrices, il vous reste encore quelques jours pour l’aider à financer son documentaire !

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