A l’occasion de la trentième édition du festival clermontois Jazz en Tête, j’ai eu la chance d’être accrédité par le festival afin de proposer un compte rendu complet de l’événement, jours par jours. Après une troisième soirée consacrée au trio de Logan Richardson et le quintet de Wallace Roney, la quatrième soirée nous a proposé le concert des frères de Strickland, ainsi que celui du pianiste Donald Brown.
Après une troisième soirée orienté hard-bop, il fallait clamer un peu les foules. Rien de mieux pour changer d’atmosphère que d’inviter les frères Strickland et le grand Donald Brown.
Dans l’ensemble de la nouvelle génération de jazz venant des Etats-Unis, Enoch Jamal et Marcus Strickland font office de véritables petits génies. C’est en quintet que ces frères proposent un jazz actuel, à la contrée des différentes inspirations classiques et contemporaines. Le set proposé par le groupe nous transportera dans un petit jazz club de New York, avec un petit verre à la main. Ambiance feutrée, solos inspirés tout en étant jamais démonstratif, le groupe impressionne et nous transporte dans leur musique. E.J. sera d’ailleurs assez communicatif avec le public, présentant les différentes pièces du répertoire. A noter le morceau Warriors for Peace, une très belle pièce engagée sur la situation actuelle au pays du président orange.
Le temps de se lever pour ce qui est juste est lorsque vous êtes seul et que personne ne s’occupe de vous, et pas seulement lorsque le train arrive. – E.J. Strickland
Les jumeaux se sont d’ailleurs très bien entouré à l’occasion de cette tournée européenne. Le contrebassiste Josh Ginsburg avec son jeu très rythmique, permettant parfaitement de jouer avec le jeu de Enoch Jamal. Le pianiste Victor Gould, plutôt discret ici, nous a proposé tout de même des chorus réussis, servant l’unité de groupe. Et « Last but not Least », le saxophone Godwin Louis qui proposera une performance de haute volée, avec de nombreux solos très inspirés, utilisant de nombreuses techniques de vibrato et bends.
Tout comme la soirée d’hier, la nouvelle génération laisse la place aux légendes du jazz, ici ce soir en la personne de Donald Brown. Présent aujourd’hui pour 13e fois à Jazz en Tête, le pianiste légendaire a concocté un véritable groupe cinq étoiles. Avec une rythmique tenue par Daryll Hall et Eric Harland que l’on ne présente plus, nous avons eu également la chance de pouvoir voir le premier guitariste présent du festival avec Ed Cherry, un guitariste que l’on a connu pour avoir longtemps joué avec Dizzy Gillepsie. Mais le All Star Band de Donald Brown nous a réservé quelques autre surprises, avec le vibraphoniste Steve Nelson, ainsi que le saxophoniste Jean Toussaint.
Proposant un panorama de sa carrière, Donald Brown nous a démontré de ses nombreux talents. Celui de compositeur, en mettant en avant aussi bien ses tout premiers albums comme Early Bird, comme ses toute nouvelles compositions. Celui de soliste également, avec de nombreux chorus inspiré qui démontre encore aujourd’hui qu’il est un des grands pianiste de jazz actuel. Mais également celui de chef d’orchestre, capable de calmer la fougue de la jeune section rythmique pour proposer ici un concert où les couleurs musicales se mêlent. Rarement la Maison de la Culture n’aura autant été aussi intimiste qu’en cette soirée !