A l’occasion de la trentième édition du festival clermontois Jazz en Tête, j’ai eu la chance d’être accrédité par le festival afin de proposer un compte rendu complet de l’événement, jours par jours. Après une seconde soirée consacrée au duo Harland/Francies et au saxophoniste Baptiste Herbin, la troisème soirée propose les concerts du trio de Logan Richardson et le quintet de Wallace Roney.
Après une belle soirée faisant la par belle au jazz moderne, cette troisième soirée de l’édition 2017 de Jazz en Tête nous propose une belle dualité : d’un côté le trio de Logan Richardson et son jazz orienté free, de l’autre le très hard-bop Wallace Roney entouré d’une formation complète.
Logan Richardson n’en est pas a son coup d’essai. Le saxophoniste de Kansas City propose maintenant depuis plus d’une dizaine d’années, notamment dans la scène jazz actuelle de New York, sa vision personnelle de la musique. C’est à la frontière du free jazz et du jazz moderne que le saxophoniste alto nous a proposé, accompagné du contrebassiste Joe Sanders et du batteur Jeff Ballard, un concert de qualité. Les trois musiciens rentrent alors durant tout du long dans une danse entêtante, où les parties d’accompagnement et solis s’entremêlent et se répondent. Si il faut faire un effort pour rentrer dans le concert, le voyage en vaut la peine, notamment grâce à la maîtrise techniques des musiciens. Logan Richardson est un saxophoniste qui a su, au fil des années, prendre et apprendre de l’ensemble des musiciens avec qui il a joué ou qu’il a écouté.
Lorsqu’il quitte son bec, il prend le micro afin de communiquer, dans un français plutôt correct, avec le public. On pourra cependant reprocher au concert un aspect un peu trop technique et démonstratif. Il faut quand même peser ces mots car quand on voit le CV ainsi que le niveau du trio, on reste quand même admiratif de la musique proposée. Mais le supplément d’âme manquant sera l’élément marquant de la suite de la soirée.
Wallace Roney est d’ores et déjà une légende du jazz. Mis sur le devant de la scène par Miles Davis, le trompettiste de hard-bop propose depuis le début des années 90 un jazz généreux mais doté d’un feeling, un groove instantané. C’est en quintet que le musicien a décidé de prendre d’assaut la scène de la Maison de la Culture. A noter que le monsieur veut proposer une véritable passation de pouvoir, en amenant avec lui le pianiste Oscar Williams, discret mais utile et le tout jeune Emilio Modeste, saxophoniste Ténor âgé de seulement 17 ans. Quel saxophoniste d’ailleurs ! Rarement j’ai eu l’occasion de prendre une telle baffe devant un musicien, de par la maturité et la présence que le saxophoniste possède déjà !
Mais si il y a bien une chose qui permet au concert de se dérouler comme le souhaite le trompettiste, c’est bien la rythmique, tenue par le duo contrebasse-batterie tenu par le génial Curtis Lundy et le très bon Eric Allen. Le phrasé et le touché du contrebassiste sera vraiment un des points fort du concert, permettant d’ajouter une véritable groove à l’ensemble. Wallace Roney quand à lui reste fidèle à sa réputation, et propose un set hard-bop vraiment plaisant, joyeux, et laisse l’espace à l’ensemble des musiciens pour qu’ils puissent s’exprimer à tout instant. Un véritable temps fort de ce festival !